Libération de la Souffrance

Nous étudions le Dhamma afin de pouvoir nous libérer de la souffrance. Le but principal de notre pratique est de libérer notre esprit de la souffrance; autrement, nous sommes constamment noyés dans la souffrance. Tous ceux qui n’ont jamais eu la chance d’écouter les enseignements du Bouddha sont coincés dans la souffrance pour toujours. Tout ce que nous pouvons faire, c’est soulager la souffrance de temps en temps. Par exemple, quand nous avons faim, nous allons manger pour soulager les souffrances liées à la faim, ou quand nous sommes malades, nous prenons des médicaments pour soulager les symptômes. Mais pour nous libérer vraiment de la souffrance une bonne fois pour toutes, nous devons compter sur les enseignements du Bouddha. Lorsque nous comprenons vraiment le Dhamma au fond de notre cœur, nous nous libérerons alors de la souffrance.

C’est quelque chose que nous pouvons faire au cours de cette vie. Il ne s’agit pas d’être une bonne personne et de donner à des causes caritatives, et d’espérer qu’enfin, un jour ou dans une autre vie, nous serons en mesure de nous libérer. Ceci est un chemin inférieur. Les enseignements du Bouddha sont vraiment spéciaux et incroyables. Ils peuvent nous libérer de la souffrance ici, maintenant, à ce moment-même. C’est dans cette vie que nous devons nous libérer de cette souffrance. N’attendons pas de nos vies futures qu’elles soient meilleures que celle-ci. Nous devons être bons à partir d’ici et maintenant. Comment savons-nous si nous allons vraiment avoir d’autres vies, et comment elles seront ? Nous avons beau avoir peut-être entendu du Bouddha que les vies futures existent réellement, si nous n’en avons pas eu la preuve nous-mêmes, alors notre cœur ne le comprend ou ne l’accepte pas vraiment. Attendre des vies futures n’est pas très utile et dépend aussi de choses qui sont difficiles à croire. Ce qui est incroyable à propos des enseignements du Bouddha, c’est que si nous pratiquons conformément au Dhamma, nous pouvons avoir une vie ici et maintenant, sans aucune souffrance. Au minimum, nous pouvons atténuer la souffrance, la diminuer de plus en plus, tout le temps.

Pour ceux d’entre vous qui pratiquent avec mes conseils depuis un certain temps maintenant, combien d’entre vous sentent que leur souffrance a diminué significativement ? S’il vous plaît, levez la main. Maintenant, pour tous les autres, quand on regarde le nombre de mains en l’air, nous pouvons voir qu’il est possible de libérer notre esprit de la souffrance. Même si nous ne pouvons peut-être pas devenir un arhant, un qui a complètement libéré son esprit de la souffrance, étape par étape, nous pouvons voir la souffrance être libérée de notre cœur. Lorsque notre souffrance diminue, nous gagnons en foi. Nous pouvons devenir sûrs que les enseignements du Bouddha sont en mesure de prendre sous leurs ailes les gens avec des pensées stupides, des croyances absurdes, et de développer leurs esprits pour les faire évoluer.

Le Bouddha a enseigné que si nous n’avons pas vu les Quatre Vérités Nobles, nous continuerons dans le cycle de la naissance et de la mort et nous ne serons pas capables de libérer notre esprit de la souffrance. Les Quatre Vérités Nobles sont les enseignements les plus élevés du Bouddha. Si nous comprenons vraiment les Quatre Vérités Nobles, l’esprit se libérera du Samsara, le cycle sans fin de la naissance et la mort. Certaines personnes, de par la méditation, sont en mesure de se rappeler de leurs vies antérieures. Certaines personnes ne peuvent se rappeler que d’une ou deux vies. Certaines se souviennent de beaucoup d’entre elles. Parfois, les gens, à travers la méditation, sont en mesure de voir qu’après la mort d’un être, ce dernier intègre un autre royaume, et ils sont en mesure de voir où est ce royaume et quand ils sont partis. Les gens qui ont ces capacités sont capables de voir et de savoir que le cycle de la naissance et de la mort se poursuit encore et encore. Et dans chaque vie où nous n’avons pas eu l’occasion d’entrer en contact avec les enseignements du Bouddha, nous sentirons que cette vie est une vie solitaire. Nous sentirons comme cette vie n’a pas eu de véritable sens. Nous ne savions pas ce qu’est le sens de la vie.

Nous ne savons pas vraiment ce que nous devons faire de notre vie. Nous naissons, et puis nous voyons les gens aller à l’école et apprendre, alors nous allons à l’école et apprenons ; nous les voyons ensuite aller travailler, alors nous les suivons au travail aussi. D’autres ont une famille et nous décidons alors d’avoir une famille. D’autres ont des enfants, alors nous les imitons et en faisons aussi. A la fin, ils meurent et nous mourons aussi.

Voilà tout ce que notre vie finit par être. Mais toute vie lors de laquelle nous avons le mérite et la chance d’entrer en contact avec les enseignements du Bouddha aura un but. Nous saurons pourquoi nous sommes nés. Notre vie ne sera pas un non-sens. Notre vie aura un véritable objectif ; celui de libérer nos esprits de la souffrance. Même si nous ne sommes pas tout à fait en mesure de libérer notre esprit de la souffrance, au moins, nous nous en approcherons, peu à peu. Nous serons en mesure d’emmener notre esprit à un niveau supérieur, étape par étape, jusqu’à ce qu’un jour nous devenions limpides sur les Quatre Nobles Vérités.

La plupart de ceux qui lisent ceci sont ceux qui m’ont déjà écouté par le passé et pratiquent le Dhamma. Beaucoup d’entre vous sont capables de séparer les accumulations ou les aspects différents du corps et de l’esprit. Alors, je vais vous parler aujourd’hui des Quatre Vérités Nobles.

Les Quatre Vérités Nobles sont les plus hauts enseignements du Bouddha, dont les gens les plus ouverts voient les vérités. Les Quatre Vérités Nobles sont ce qui permet à une personne ordinaire de devenir un être éveillé. Les Quatre Vérités Nobles se composent de la souffrance, de la cause de la souffrance, de la cessation de la souffrance, et de la voie qui mène à la cessation de la souffrance. Avons-nous tous entendu cela auparavant ? En général, quand nous pensons à la première Vérité Noble, la souffrance, nous pensons que naître, vieillir, tomber malade et mourir – sont ce que souffrance signifie. Mais ce n’est pas ce que signifie la souffrance. Ou peut-être qu’être loin des choses que nous aimons est une souffrance, ou qu’être confronté à des choses qui nous déplaisent est une souffrance. Ou nous nous entraînons pour quelque chose ou espérons quelque chose, et nous ne l’obtenons pas. Toutes ces choses sont bien sûr des souffrances, mais en réalité, ce ne sont que des symptômes de la souffrance. Comme le Bouddha a dit, en résumé, les choses qui représente une vraie souffrance sont les cinq agrégats (ou constituants) qui composent notre corps et notre esprit.

Le premier constituant est le corps. Les symptômes de la possession d’un corps sont : vieillir, tomber malade et mourir. Le second agrégat est le ressenti, ou vedana. Le troisième constituant est sanya, ou la mémoire ; identification et classification. Le quatrième agrégat est sankhara, les formations ou fabrications mentales, comme les états sains et malsains de l’esprit. Le cinquième agrégat est vinyana, ou la conscience. Souvent, nous l’appelons juste l’esprit, la simple conscience ou la connaissance des objets à travers les yeux, les oreilles, le nez, la langue, et le corps.

Ces cinq agrégats sont la souffrance-même. Notre devoir à l’égard de la souffrance est de connaître la souffrance, pas de l’éliminer. Dans nos cœurs, nous voulons éliminer la souffrance, n’est-ce pas ? Mais le Bouddha ne nous a pas appris à éliminer la souffrance. Il nous a appris à connaître la souffrance. La souffrance est une conséquence ; nous ne pouvons éliminer une conséquence. Nous devons éliminer la cause de la conséquence. La cause de la souffrance est le désir, alors, la seule chose que nous pouvons faire au sujet de la souffrance est de la reconnaître ; mais la cause de la souffrance, nous pouvons l’éliminer.

Essayons tous de comprendre que la souffrance, ce sont les cinq agrégats, ou pour simplifier, notre corps et notre esprit. Ceux-ci sont la souffrance- même. Chacun d’entre nous qui pratiquons comme des gens ordinaires, ou même ceux d’entre nous qui sont éveillés mais pas encore complètement au niveau d’arhant ; nous verrons que le corps est heureux ou se sent bien parfois, et malheureux ou mal d’autres fois. Peut-on voir cela ? Le corps se sent bien par moments et mal d’autre fois. Si nous sentons encore que le corps est une chose heureuse parfois, et une chose malheureuse d’autres fois, cela signifie que nous n’avons pas compris la Noble Vérité de la souffrance en ce qui concerne le corps. La vérité est que le corps n’est que souffrance. Parfois, il souffre beaucoup, et parfois, il ne se souffre qu’un peu. Chaque fois qu’il n’y a qu’un peu de souffrance dans le corps, nous pensons à tort qu’il est heureux. La vérité est que la souffrance oppresse le corps à chaque instant. Nos corps sont en état de stress, de décomposition et de détérioration en tout temps.

Même inspirer et expirer sont une souffrance. S’asseoir est une souffrance. Se tenir debout est une souffrance. Même être couché est une souffrance. Commençons tous à inspirer, et continuons à respirer. Il ne faut pas expirer. Est-ce douloureux ?

Cela ne prend qu’un instant, et nous commençons à souffrir. Quand nous ressentons la souffrance, que devons-nous faire ? Bien sûr, nous avons besoin d’expirer pour soulager la souffrance. Donc, nous inspirons pour soulager la souffrance de l’expiration, et nous expirons pour soulager la souffrance de l’inspiration. Il y a une souffrance dans chaque souffle.

Parfois, il y a beaucoup de souffrance, et parfois, il y n’en a qu’un peu. Ceux sans éveil de conscience et sans sagesse croiront que la vie est quelque chose de joyeux. Comme quand nous sommes jeunes, enfants ou adolescents, nous croyions qu’avoir un corps est une chose joyeuse. Quand nous sommes vieux, nous sentons comme notre corps est une chose qui souffre. Nous commençons à avoir des difficultés à contrôler notre propre corps. Il ne fonctionne plus comme avant. La vérité est que le corps a toujours souffert, mais nous ne pouvions pas le voir. Lorsque nous sommes enfin en mesure de voir clairement et véritablement que le corps n’est rien que souffrance, l’esprit libérera son attachement total et complet au corps. Quand le corps est vieux, c’est l’affaire du corps. L’esprit ne souffrira pas avec lui. Lorsque le corps éprouve des douleurs et des courbatures, c’est l’affaire du corps. L’esprit ne souffrira pas de ses douleurs. Et quand le corps meurt, l’esprit ne souffre pas avec lui. La souffrance sera en mesure d’influer sur le corps, mais ne sera pas en mesure d’influer sur l’esprit.

Le Bouddha enseigne que quand on se fait toucher par une flèche, c’est comme si nous avions été touché par deux. Quand le corps souffre, l’esprit souffre avec lui. Quand le corps vieillit, par exemple, le cœur aussi souffre de ce fait. Qu’en est-il quand nous obtenons nos premiers cheveux gris ? Comment nous sentons nous à ce sujet ?

Sommes-nous heureux ? Et nos premières rides ? Nous nous sentons mal vis-à-vis de ça, pas vrai ? Nous essayons de lutter contre ça, mais quand nous avons beaucoup de rides, nous lâchons prise. Vous voyez ? La souffrance opprime le corps constamment. Mais, si nous sentons encore que le corps peut-être une bonne chose, nous résistons continuellement face à cette souffrance. Nous ne voulons pas que ce corps éprouve de la souffrance. Quand nous ressentons cela, notre cœur souffre aussi. Mais si notre cœur est intelligent, sage, il voit que la vérité est que le corps souffre en lui-même.

Le corps n’est pas quelque chose de bien ou quelque chose de spécial. Ce n’est pas quelque chose qui mérite d’y être attaché. Expirer c’est souffrir, inspirer c’est souffrir. Si on voit les choses de cette façon, si le corps est vieux, alors qu’est-ce qui est si vieux ? La souffrance est vieille. Lorsque le corps souffre, qu’est-ce qui souffre ? La souffrance est dans la douleur. Quand le corps meurt, qui est-ce qui est en train de mourir ? La souffrance est en train de mourir. Si la souffrance meurt, qui s’en soucie ? Laissons-la mourir. Quand la vérité est alors comprise, notre cœur n’hésite pas face à ces situations. Donc, peu importe ce qui se passe dans le corps, si nous détenons la sagesse que le corps souffre, qu’importe ce qui se passe dans le corps, le cœur ne souffrira pas avec lui.

Tout ce que nous faisons dans nos vies, nous le faisons parce que nous aimons le bonheur et que nous n’aimons pas la souffrance. Nous essayons de ne pas souffrir et d’être heureux. Beaucoup de gens étudient très dur et obtiennent de nombreux diplômes parce qu’ils pensent qu’en faisant cela, ils sentiront que leur vie sera meilleure et qu’ils seront plus heureux. Même en étant médecin, nous souffrirons. Il y a même des médecins qui souffrent tellement qu’ils mettent fin à leurs jours.

Il y a tant d’exemples de personnes qui se livrent à l’enseignement supérieur et sont malheureux.

Certaines personnes pensent qu’en ayant beaucoup d’argent, elles seront très heureuses. Est-ce vrai ? Non, ils ne ressentent pas vraiment de bonheur. Quant est-il si nous sommes célèbres ? Ou si on a un rang ou un statut élevé, comme haut fonctionnaire de l’Etat, ministre ou premier ministre. Personne n’est premier ministre éternellement, nous devons quitter le poste un jour, ou même parfois, mourir avant la fin du mandat.

Tout ce que nous recherchons, que ce soit l’argent ou des biens, la gloire ou le statut social, nous faisons tout cela dans l’espoir que cela apporte le bonheur. La même chose est vraie quand nous voulons une famille ou attirer l’affection d’une personne en particulier. Mais ce genre de bonheur est de courte durée et assez vite, le bonheur disparaît. C’est comme une femme qui épouse un homme qui est si bon envers elle. En fait, il est si bon avec les gens qu’il trouve rapidement une maîtresse envers qui être bon aussi. Le bonheur dans ce cas disparaît quand nous voulons être le ou la seul(e). Parfois, nous pensons que si nous avions un enfant, alors nous serions heureux, après nous être mariés. Et nous voulons avoir un bel enfant. Nous avons oublié de regarder dans le miroir ! De qui l’enfant va-t-il tenir pour être beau ? De même, nous voulons que l’enfant soit intelligent ! Regardons-nous et soyons réalistes. Nous ne pouvons pas garantir que l’enfant deviendra comme nous le souhaiterions. Et même si l’enfant finit par devenir une bonne personne, nous souffrirons toujours par souci de sa santé et de sa sécurité. Est-ce qu’il ou elle aura de bonnes fréquentations ou prendra de la drogue ? Et tant d’autres préoccupations. Donc la vérité est que dans toutes ces choses que nous poursuivons dans l’intérêt du bonheur, il y a de la souffrance aussi.

Notre devoir en ce qui concerne la souffrance, alors, est d’en prendre conscience. Venons-en à voir qu’il n’y a rien au monde qui puisse apporter un bonheur durable. Étudions la souffrance. Soyons conscients du corps ; soyons conscients de l’air qui rentre et qui sort. Ceci est pour ceux qui aiment la conscience du corps. Connaître la souffrance, c’est connaître son corps. Ceux qui n’aiment pas la conscience du corps peuvent être conscients de l’esprit. Il n’y a que le corps et l’esprit dont on peut être conscients parce qu’ils contiennent les cinq agrégats de la souffrance. Peut-on voir que nous croyons encore ici que le corps et l’esprit sont heureux parfois, et en souffrance seulement de temps en temps ? Si nous croyons encore que le bonheur est possible grâce à ce corps et à cet esprit, nous allons le poursuivre indéfiniment. Mais si nous nous rendons compte que le bonheur et la souffrance sont des choses temporaires, ils ne nous tromperont plus.

Quand on voit le Dhamma, nous voyons que tout, y compris le bonheur et le malheur, sont des phénomènes temporaires. Tout arrive et puis retombe, et il n’y a rien que nous puissions faire à ce sujet. Regardez la façon dont tout cela fonctionne, regardez la vérité. Les sentiments, agréables ou désagréables, sont ressentis dans le corps et dans le cœur. Dans le corps, nous semblons être à l’aise, et puis nous ne le sommes plus, et ainsi de suite. Lorsque nous y regardons de plus près, nous voyons que le corps est toujours en souffrance, parfois plus que d’autres. Si une douleur disparaît, le corps souffre moins, mais souffre toujours. L’inconfort est souffrance, impermanent et incontrôlable. Nous pouvons demander au corps de ne pas faire l’expérience de l’inconfort, de la douleur ou de la maladie, mais il ne nous écoute. Nous ne pouvons pas l’en empêcher. L’esprit, c’est la même chose. Il est capable d’éprouver des sentiments agréables comme désagréables.

Avons-nous déjà eu un corps qui se sent bien, mais un esprit qui ne se sent pas bien ? Notre corps peut être en bonne santé sur tous les aspects et se sentir bien, mais notre esprit souffre toujours. Regardons un peu la réalité. Notre devoir à l’égard de la souffrance, du bonheur et du malheur, est de les connaître. Quand nous les connaissons, nous voyons la réalité de la souffrance à leur égard, comme à l’égard du corps. La vérité sur le corps est qu’il est toujours sous tension. La vérité sur le confort et l’inconfort du corps est qu’ils ne sont jamais immobiles. Les sensations agréables ne restent pas longtemps avant de disparaître. Elles sont impermanentes et nous ne pouvons les contrôler. Nous pouvons commander à notre corps de se sentir bien, mais il ne s’y pliera pas. Et les sentiments désagréables se produisent inévitablement et nous ne pouvons pas les empêcher de venir. Le fait que nous n’ayons aucun pouvoir, aucun contrôle sur nos sentiments est la vérité du non-soi. Nous n’avons pas le pouvoir de contrôler l’apparition ni la chute des phénomènes. Si l’on observe souvent la réalité du corps et de l’esprit, nous verrons qu’ils sont impermanents, souffrants et non-soi.

Le corps change constamment ; tout le temps sous le stress. Les sensations agréables et désagréables vont et viennent tout le temps et ne sont pas sous contrôle. La mémoire ne peut pas être contrôlée non plus. Parfois, nous pouvons nous souvenir de choses, et parfois, nous en sommes incapables, n’est-ce pas ? Un ami que nous n’avons pas vu depuis un moment, par exemple, nous pourrions nous souvenir de son nom de famille, et oublier son prénom ! Ça ne nous revient pas. Cela vous rappelle quelque chose ? Ou que diriez-vous de ceci : on ne peut se rappeler que du nom de son père ! Dans les temps anciens, les enfants étaient appelés par le nom du père.

Nous ne pouvons pas contrôler nos souvenirs. Que diriez-vous des états mentaux sains et malsains ? Par exemple, quand on est en colère, aurions-nous pu prévenir la colère ? Qui ici a déjà eu l’intention de ne pas s’énerver, et bien sûr, l’a fait quand même ? Peut-on voir cela ? Ou nous essayons de ne pas aimer quelqu’un, mais nous ne pouvons pas nous en empêcher. Avons-nous jamais été au centre commercial en disant que nous allions juste regarder et ne rien acheter ? Pour finir par acheter quelque chose ! Nous n’apportons même pas d’argent à titre de précaution, mais nous avons la carte de crédit !

Les formations de l’esprit comme l’avidité, la colère et l’illusion ne sont pas des choses que nous pouvons empêcher de se produire. Observons que la colère est temporaire, que l’avidité est temporaire et que l’illusion est temporaire. Un esprit agité est temporaire, tout comme un esprit triste. Jetons un œil à la vérité de toutes les formations de l’esprit, des états mentaux et des émotions. Elle fabrique des états de qualité, des états sans scrupule, tous types d’états !

Par exemple, nous nous réveillons le matin avec l’intention d’écouter un discours du Dhamma. Certaines personnes n’ont pas été en mesure de le faire. Avant de se coucher, elles avaient l’intention de venir. Cependant, au réveil, elles se sont enfouies sous la couette et sont retournées dormir. Elles ne pouvaient pas sortir du lit. Surtout le dimanche, elles ne veulent pas se lever tôt. Elles essaient de se convaincre de se lever, mais n’ont pas l’énergie.

Au début, elles formulent un état mental positif – un qui souhaite écouter Dhamma. Mais ensuite, le bon état perd face au mauvais état – la paresse ! Certaines personnes se lèvent et font des heures de voyage pour venir écouter mes discours, et puis quand elles écoutent depuis un certain temps, elles veulent rentrer chez elles ! Le désir d’écouter un discours est temporaire, puis retombe. Quand nous partons voyager, nous voulons voir ceci et tel site touristique, et puis une fois que nous y sommes, nous commençons à nous ennuyer et nous voulons rentrer à la maison. Ou encore, nous allons juste faire du shopping, et puis nous voulons rentrer chez nous. C’est parce que nos formations mentales changent tout le temps.

Nous pourrions n’avoir aucune intention d’être avide, mais l’avidité peut quand même encore arriver. La même chose vaut pour la colère, la tristesse ou un esprit agité. L’esprit se forme d’états toute la journée et toute la nuit. La seule exception est quand nous sommes dans un sommeil profond, quand il n’y a pas d’états sains ou malsains créés et que l’esprit est neutre. Autrement, il y a des formations mentales qui se produisent constamment. Entre des états mentaux sains et malsains, lequel surgit le plus facilement ? Qui dit sain ? Qui dit malsain ?

Il semble que nous n’ayons pas écouté les enseignements du Bouddha ! Le Bouddha enseigne que les bonnes personnes créent facilement de bons états mentaux. Et les mauvaises créent facilement des états négatifs. Les personnes bonnes et bienveillantes ont du mal à créer des états malsains. Donc, si nous pensons que nous créons des états négatifs plus facilement, pouvons-nous comprendre ce que cela signifie à propos de nous ? Dans son ensemble, de quel côté pourrions-nous dire que nous nous trouvons ? Il est difficile pour les gens bienveillants de manifester des états désobligeants. Une bonne personne aura des difficultés à mentir, par exemple. Elle n’a pas la moindre idée de comment mentir ou tricher. Si elle voit quelqu’un faire tomber son portefeuille, elle ne pourra pas le garder.

Les fabrications mentales naissent de nos habitudes. L’esprit fabriquera de la façon à laquelle il est habitué. Si nous sommes habitués à blesser les gens, l’esprit fabriquera des états mentaux nocifs. Si nous sommes habitués à être aimant et bienveillant, alors ce sont les états les plus souvent créés par l’esprit.

Cependant, peu importe si nos esprits inventent des états bons ou désobligeants, chaque état est temporaire. Un bon état, comme vouloir écouter le Dhamma, arrive et repart. Si je continue à parler et parler, éventuellement, nous ne voudrons plus écouter. Nous voudrons rentrer chez nous. Cela n’est que temporaire. La même chose vaut pour les mauvais états mentaux. Quand nous sommes enfants et que nous sommes en colère contre un ami, nous décidons que nous serons en colère contre eux pour toujours et à jamais. Peu importe le « pour toujours », quelques minutes plus tard, nous sommes de nouveau ami avec eux !

Parfois, nous sommes tristes et en pleurs. Et avec les larmes encore sur notre visage, nous commençons à rire. Pouvons-nous voir cela ? L’état d’esprit, ou les formations mentales et les affabulations, sont en changements constants. L’esprit lui-même change tout le temps. Un moment, il est en train de regarder, le suivant il écoute, et celui d’après, il pense. Quand nous regardons la télévision, normalement, nous pensons que les yeux regardent, les oreilles écoutent et l’esprit pense. Tout cela en même temps. Mais la vérité est qu’ils travaillent un à la fois.

Quand nous regardons, nous n’écoutons pas. Quand nous écoutons, nous ne pensons pas. Quand nous pensons, nous ne sommes pas en train de regarder ou d’écouter. Voilà pourquoi, lorsque nous lisons un livre, et notre esprit vagabonde vers d’autres pensées, nous ne savons pas ce que nous venons de lire. Je suis sûr que nous avons tous connu cela. Nos yeux scrutent les pages, mais nous ne savons pas ce que nous regardons quand nous sommes perdus dans nos pensées. Ainsi, l’esprit se lève et retombe très rapidement avec chaque objet dans sa prise de conscience, un à la fois. Quand il se pose sur l’œil, il ne se pose pas sur l’oreille. Quand il se pose sur l’oreille pour entendre, il ne se pose pas sur l’œil ou dans les pensées.

Certaines personnes aiment aller au restaurant, avec la plus délicieuse nourriture, bonne musique et de beaux serveurs. Ils dépensent un tas d’argent pour consommer tout à la fois. Ces personnes ne sont pas de vrais bouddhistes. Les vrais bouddhistes verront cela comme un gros gaspillage d’argent. Quand nous écoutons de la musique et que nous mettons une pleine fourchette de cette délicieuse nourriture dans notre bouche, nous ne goûtons même pas. Si nous regardons les belles femmes qui se promènent, nous pourrons manger une assiette entière de nourriture sans en avoir conscience. Quel gâchis ! Nous avions l’intention de gagner du plaisir à travers la bonne musique, les saveurs délicieuses et une vue magnifique, et nous ne pouvons être conscients que d’une chose à la fois ! Quand nous écoutons la musique, nous ne sommes pas en mesure d’enregistrer la saveur de nos aliments. L’esprit doit alterner entre chaque, et nous sommes occupés avec l’un, nous manquons de faire attention aux autres. Remarquons que l’esprit qui va voir est temporaire. L’esprit qui écoute est temporaire.

Et que l’esprit qui pense est temporaire. Tous les types d’esprits sont temporaires. Un esprit heureux est temporaire. Un esprit qui souffre est temporaire. Un bon esprit est temporaire. Un esprit avide, en colère ou qui se fait des idées est temporaire. Observons la vérité des cinq agrégats, ou dit plus simplement, du corps et de l’esprit. Le corps montre qu’en vérité, il est toujours oppressé par la souffrance. L’esprit et les états mentaux et émotionnels sont tous impermanents et hors de contrôle. Qu’importe qu’ils soient heureux, malheureux, bons ou mauvais, que nous nous souvenions de quelque chose ou pas, que l’esprit se déplace pour voir, entendre ou penser, nous ne pouvons empêcher tout cela. Testons cela. Il y a une statue de Bouddha ici. Nous allons tous bien regarder le Bouddha. Regardons simplement et ne pensons à rien…

Maintenant, y-a-t-il des pensées ? Bien sûr qu’il y en a ! Nous ne pouvons pas les empêcher. Arrêtons d’essayer. Et arrêtez de regarder ! Nous ne voulons pas transpercer le Bouddha !

Peut-on voir ? Même si nous avons juste l’intention de regarder, notre esprit se déplace encore pour penser. Nous ne pouvons pas empêcher cet esprit de penser. Nous ne pouvons pas l’empêcher de regarder. Nous ne pouvons pas l’empêcher d’écouter. Les composants de la vision sont la forme, les yeux et la lumière, et quand ils rencontrent l’intention de voir, alors vous voyez. Ce sont des choses qui sont hors de notre pouvoir de contrôle.

Connaître ce corps et cet esprit, ou connaître les cinq agrégats qui les composent, cela s’appelle connaitre la souffrance. Le Bouddha a résumé que les cinq agrégats souffrent proprement. Le corps et l’esprit souffrent proprement. En connaissant la souffrance de façon persistante, un jour, nous verrons la vérité, avec une clarté cristalline, que ce corps et cet esprit ne sont pas des choses bonnes ou spéciales. Tout désir sera éliminé. Si nous jetons un coup d’œil à tous les besoins et les désirs que nous avons, nous verrons qu’ils reviennent tous à vouloir que ce corps et cet esprit fassent l’expérience du bonheur, de se sentir libre de toute souffrance.

Pourquoi voulons-nous un conjoint ? En voulons-nous un pour pouvoir souffrir ? Bien sûr que non. Nous voulons un partenaire dans l’espoir d’être heureux. Si nous nous sentons bouleversé et décidons de boire, faisons-nous cela pour nous sentir mal ? Non, nous espérons que cela apporte le contentement et soulage nos souffrances. Toutes les choses que nous faisons, découlant de nos désirs, sont dans l’intérêt de courir après le bonheur et loin de la souffrance.

Le désir surgit, et c’est la force qui provoque la lutte et de la turbulence dans notre cœur. Cependant, quand on voit enfin que le corps et l’esprit souffrent, pleinement et complètement, qu’ils sont impermanents, insatisfaisants et pas eux-mêmes, qu’ils ne peuvent pas être contrôlés, tout attachement à eux sera brisé.

Lorsque le corps n’est plus attaché, lorsque le corps est vieux ou malade, c’est le problème du corps. Quand l’esprit n’est plus attaché, si l’esprit souffre, le cœur n’y est plus du tout. La souffrance ne peut pas y faire son chemin.

Nous pratiquons jusqu’à ce que tout désir soit totalement éliminé. Il y a plusieurs façons d’essayer de faire cela. La plupart des gens se débarrassent du désir en l’obligeant. Quand nous avons faim, nous mangeons et le désir de manger disparait. Si nous avons sommeil, nous dormons et le désir disparaît. Tout ce que nous voulons, nous l’achetons et le désir disparaît. Cette méthode de succomber à ses désirs résout le problème de façon immédiate, mais le désir revient toujours ! Quand un nouveau besoin se présente, nous souffrons à nouveau. Certaines personnes tentent de résister au désir pour l’éliminer. Ils rejettent le désir continuellement. Quand ils ont faim, ils ne mangent pas. Quand ils veulent dormir, ils ne le font pas. Ils pensent que s’ils se torturent comme cela, le désir finira par retomber pour de bon. Mais cela ne fonctionne pas. Le Bouddha ne nous enseigne pas à faire ça. Il a essayé pendant de nombreuses années, torturant son corps dans l’espoir que cela le libère de la puissance du désir, et cela n’a pas fonctionné.

Les sages mettront fin au désir par la sagesse, en voyant clairement que le corps et l’esprit ne sont que la souffrance. Voici comment mettre complètement fin au désir, parce qu’en ayant pleine conscience que le corps et l’esprit ne sont que souffrance, on n’aura pas envie de les rendre heureux. Si le corps n’est que souffrance, alors comment pourrait-il jamais être heureux ? Le corps souffre, il n’est donc pas possible pour lui d’être heureux. Ceux avec une grande sagesse ont une pleine compréhension de la vérité, qui est que l’esprit souffre. Quand on voit avec une clarté cristalline que l’esprit souffre, on n’a pas envie que l’esprit soit heureux. Il ne peut pas être heureux ; c’est un désir futile parce qu’il souffre lui-même !

C’est comme vouloir que le feu ne soit pas chaud. La fonction du feu, c’est d’être chaud ! Quand on voit clairement que les cinq agrégats ou que le corps et l’esprit sont impermanents, insatisfaisants et pas eux-mêmes, le désir ne revient plus. Le moment précis où nous prenons connaissance de la vérité sur la souffrance sera le moment-même où la cause de la souffrance, le désir, s’éliminera complètement de notre esprit. Ce moment à partir duquel le désir est éliminé marque que la cessation de la souffrance est atteinte. C’est le nirvana, l’état de la libération du désir.

Quand on connait la souffrance, nous en éliminons sa cause à ce moment-là. Lorsque nous éliminons la cause, nous atteignons la cessation. Quand on connait la souffrance, qu’on en élimine la cause et qu’on atteint la cessation, c’est le moment de la voie noble. Les Quatre Vérités Nobles se produisent toutes à la fois, au même moment. C’est le moment où l’esprit sort du monde. Le moment où la souffrance est reconnue, le désir a pris fin et le nirvana, l’état sans aucun désir, est expérimenté. C’est le moment de la voie noble.

Donc, à partir de maintenant, notre devoir est de voir fréquemment et de reconnaître la souffrance. Regardons-la souvent. Comment pourrions-nous connaître la souffrance ? Connaître la souffrance, c’est connaître la vérité du corps et de l’esprit, non ? Pour connaître la vérité du corps et de l’esprit, premièrement, nous ne devons pas oublier notre corps, ni notre esprit. Les gens dans ce monde ont un corps, mais oublient toujours qu’ils en ont un ; et ils ont un esprit, et oublient cela aussi.

Nous savons tous ce que le vagabondage de l’esprit est, n’est-ce pas ? Quand notre esprit vagabonde, nous avons toujours un corps, mais nous l’oublions. Avons-nous déjà été piqué par un moustique alors que notre esprit vagabondait ? Savions-nous que nous étions en train de nous faire piquer ? Le moustique remplit alors tellement son ventre de notre sang qu’il peut à peine voler, et nous n’en avons aucune idée jusqu’à ce que ça commence à nous démanger plus tard ! Nous voyons donc que lorsque notre esprit vagabonde au loin, nous oublions le corps que nous avons et nous oublions l’esprit que nous avons : l’esprit est heureux et nous n’en avons aucune idée, l’esprit est malheureux et nous n’en avons aucune idée, ou il est gentil ou méchant et nous n’en avons aucune idée.

Les nouvelles ces jours-ci sont toujours bouleversantes. Mais quand on les regarde, que connaissons-nous ? Nous connaissons l’actualité. Est-ce que nous savons que nous nous sentons bouleversé ? Non, nous ne le savons pas. Nous oublions de nous connaître nous-mêmes. Lorsque nous regardons, nous avons un corps et nous l’oublions, et nous avons un esprit, que nous oublions aussi.

La première condition pour faire attention au corps et à l’esprit, afin que nous puissions reconnaître leur souffrance, est de ne pas oublier notre corps, ni notre esprit. Nous devons être conscients. La prise de conscience est le point de départ de notre pratique du Dhamma. Apprenons à être conscient et à ne pas errer loin au loin.

Mais être conscient ne signifie pas forcer la conscience. Certaines personnes exercent trop de contrôle. Par exemple, elles vont chercher un verre d’eau et le font si lentement, dans l’espoir qu’elles n’en perdront pas la conscience. Sincèrement, en atteignant le verre lentement, leur esprit peut aller vagabonder vers d’autres pensées une vingtaine de fois, mais elles n’en ont aucune idée. Elles ne s’en rendent pas compte. En marchant lentement dans la méditation, l’esprit s’en va constamment dans les pensées. Chaque fois que l’esprit se perd dans ses pensées, nous nous oublions nous-même.

Nous oublions notre corps et notre l’esprit quand nous pensons. Nous oublions notre corps et notre esprit quand nous regardons quelque chose. Nous oublions notre corps et notre esprit quand nous sommes engagés dans l’écoute. Chaque fois que nous sommes engagés dans la pensée ou dans n’importe lequel de nos sens, nous ne sommes pas conscients. Nous nous oublions nous-même. La conscience et l’oubli de soi-même sont opposés.
Errer au loin jusqu’à s’en oublier soi-même est l’ennemi principal des pratiquants du Dhamma. Donc, ne nous éloignons pas trop longtemps de la conscience. Peut-on éviter de s’égarer ? Non. L’esprit est habitué à errer, il le fera. Mais il ne faut pas errer longtemps. Revenons souvent à la conscience du corps et de l’esprit. Pour commencer, choisissons un objet de prise de conscience pour nous aider dans ce domaine.

Qui ici aimerait atteindre le nirvana ? Y-a-t-il quelqu’un ? Qui ici voudrait atteindre juste le premier niveau de l’illumination, l’entrée du flux, et non atteindre complètement le nirvana ? Pour qui l’entrée de ce flux est-elle suffisante ? Est-ce qu’il y a quelqu’un qui veut cultiver les perfections de l’esprit et être un Bouddha dans un futur lointain ? Qui n’est pas intéressé par tout cela et est satisfait de renaître en enfer ? (rires)

Si nous voulons atteindre l’illumination à tout moment, cela se produit dans ce corps et cet esprit. Nous ne la trouverons nulle part ailleurs. Ces choses spéciales ne se trouvent pas dans un temple. Elles ne sont pas chez les moines. Elles sont en nous-même. Nous recherchons ces choses spéciales seulement en nous-même. Pour commencer cette pratique, il faut prendre conscience de soi-même. C’est le contraire d’ignorer, ou de s’oublier soi-même. Lorsque nous faisons cela, nous ne devons pas forcer la prise de conscience. Forcer cause du stress. En maintenant la concentration comme ceci… Nous ne pouvons pas vraiment garder la conscience de toute façon. Y aller doucement sert juste à prétendre être en conscience totale. L’esprit va s’égarer de toute façon.

Nous devons essayer de pratiquer en choisissant un objet de méditation. Si nous souhaitons atteindre le nirvana mais que nous sommes paresseux et que nous préférons dormir toute la journée, nous n’avons aucune chance. Ou si nous donnons à la charité et écoutons mes conversations dans l’espoir d’atteindre le nirvana, encore une fois, si nous ne pratiquons pas, il n’y a aucune chance que cela arrive. Si nous voulons vraiment le nirvana, le fruit du travail, ou même si nous voulons être une personne vraiment bien ou heureuse, nous devons investir en nous-même. Cet investissement ne coûte pas d’argent. Il consiste à cultiver la conscience.

Tous les jours, nous allons choisir un objet de méditation qui ravit notre esprit. Celui qui aime répéter « Buddho » devrait le répéter. Celui qui aime observer sa respiration devrait l’observer. Celui qui se contente de la montée et de la descente de l’abdomen devrait pratiquer cela. Celui qui aime la méditation en marchant devrait marcher. Celui qui aime prier et chanter devrait le faire. Mais peu importe ce que nous choisissons, que ce soit tout ce que j’ai mentionné ou autre chose, nous l’utilisons pour savoir ce que l’esprit fait.

Par exemple, lorsque nous répétons «Buddho, Buddho…» et que l’esprit vagabonde au large, nous devenons conscient de cela. Puis, nous répétons «Buddho, Buddho…» et l’esprit se concentre sur le vide. Nous prenons conscience qu’il le fait. Ou nous observons notre souffle afin de voir l’esprit. Lorsque nous observons notre souffle et que l’esprit s’éloigne pour penser, nous prenons conscience qu’il s’égare. Quand nous respirons et que l’esprit s’est évertué dans le souffle et devient immobile, nous le savons aussi. Quand l’esprit se concentre sur la respiration, il se déplace vers le bas, en direction de l’air. Quand l’esprit se déplace vers le bas, il n’est pas un observateur indépendant. Si nous regardons l’abdomen, encore une fois, nous regardons l’esprit. Si l’esprit se met à penser, nous le savons. Si l’esprit glisse vers le bas pour se concentrer sur l’abdomen, nous le savons.

En résumé, nous sélectionnons un objet de méditation, puis nous regardons l’esprit se déplacer autour. L’esprit se déplace tout le temps. Il y a un moment, je vous ai demandé de jeter un œil à la statue de Bouddha, et nos esprits se sont mis à penser, non ? C’est ce qu’il fait ! Nous devons donc choisir un objet, puis regarder le mouvement de l’esprit. Éventuellement, lorsque l’esprit commence juste à se déplacer, nous le saurons vite. Ensuite, nous serons au courant de nous-même. L’esprit ne glissera pas loin.

Il y a deux façons pour que l’esprit soit éveillé et ne parte pas au loin. Premièrement, l’esprit est normal et naturel. Ceci est la meilleure façon, et est accomplie en voyant l’esprit en mouvement et perdu. Nous prenons donc un objet et regardons l’esprit faire. Chaque fois que nous voyons l’esprit s’éloigner, il reviendra à nous-même, sans l’y forcer.

L’autre façon de faire cela est de forcer la sensibilisation. Cette façon ne fonctionne pas du tout. L’esprit sera soumis à un stress et sera ennuyé. Les méditatifs qui font cela sont communs, et disent qu’ils sont tout le temps conscients.

Je vais imiter leur face pour vous… Vous voyez ? Je suis constamment conscient, mais de manière artificielle.

Les enfants ont un avantage sur les pratiquants du Dhamma. Ils ne disposent pas d’un ego qui supprime ou contrôle les sentiments. Les émotions et les humeurs des enfants sont authentiques. Un moment, ils sont heureux, le prochain en colère, le suivant content, et le prochain ils souffrent. Leurs larmes ne sont pas encore sèches après avoir pleuré qu’ils commencent déjà à rire. Les émotions des enfants changent tout le temps. Ils ne gênent ou ne contrôle pas leurs esprits. Ils ne forcent pas leurs esprits ou leur corps et les laissent travailler librement. Mais le problème avec les enfants est leur manque de pleine conscience. Les enfants ne savent pas du tout ce qui est en train de se passer dans leur corps ou leur esprit.

Une chose positive au sujet des pratiquants est que nous avons cette pleine conscience. Nous sentons ce que le corps et l’esprit sont en train de faire. Cependant, nous avons modifié nos esprits, ce qui ne les rend pas naturel. Alors, canalisons l’âme d’un enfant. Ne soyons pas faux en prétendant être plus gentil ou plus doux que nous le sommes. Marchons comme nous marchons toujours. Il n’y a pas besoin de marcher avec une technique spéciale. Asseyons-nous comme nous nous asseyons. Peut-on méditer dans cette position ? Ou comme ça ? (Luangpor se tient mal et se penche) Bien sûr que nous le pouvons !

Certaines personnes lèvent les mains et les pieds de différentes façons. D’après le dernier Maître Phud, si nous savons comment pratiquer correctement, alors même méditer sur la tête, comme faire une posture de yoga, marche très bien. La question est la prise de conscience, sans contrôle. Si nous contrôlons, notre esprit sera comprimé. Presque tous les pratiquants qui le font mal, en forçant d’une certaine façon, créent du stress. Leur corps est tendu et rigide ainsi que l’esprit, à la différence d’un être humain normal. Porte le cœur d’un enfant, et puis ensuite, obtient la pleine conscience. Les enfants n’ont pas la pleine conscience. Désormais, lorsque notre corps bouge, nous le sentons. Quand l’esprit se déplace, nous le sentons.

Quand l’esprit erre et que nous le savons, nous en sommes conscients de la bonne façon. Si nous forçons notre esprit à être conscient, il sera stressé, terne et pas naturel. Nous ne devrions pas faire cela. Le stress et la soumission à la contrainte, c’est de l’auto torture. Alors, sachons simplement, ressentons juste, sentons seulement. Le terme «observer l’esprit» est devenu populaire, mais ce qu’il veut dire, c’est de ressentir l’esprit, pas de le regarder. Nous ressentons ce que fait notre esprit. Nous sentons ce que notre corps est en train de faire. Nous serons conscients avec la pratique, en choisissant un objet de méditation et en sentant l’esprit s’en éloigner. Nous ne l’empêchons pas de s’égarer et nous ne le retenons pas. Si nous le retenons, l’esprit se sentira serré. Au lieu de cela, l’esprit s’égare et nous le savons donc, encore et encore. En partiquant cela souvent, chaque fois que l’esprit vagabonde, il deviendra conscient lui-même, automatiquement.

Les gens ordinaires peuvent faire ça. J’étais un gars ordinaire aussi et je peux être conscient. Les maîtres à l’époque m’appelaient le connaisseur. Qu’est-ce que je savais ? J’étais conscient de moi-même. Je ne savais rien de spécial, ni les numéros gagnants de la loterie, ni quelque chose comme ça ! Je connaissais mon corps et mon esprit. Dans ce monde, personne ne connaît son corps son esprit. Chacun d’eux est perdu, oubliant son corps et son esprit. A partir de maintenant, nous allons souvent prendre conscience.

Choisissez un objet de méditation et sachez quand l’esprit s’égare. Il est difficile de connaître l’esprit quand on n’a pas cet objet. L’esprit va errer trop longtemps – du matin au soir. Si nous avons un objet, nous ne nous égarerons pas trop longtemps. Nous reviendrons à l’objet. Il est notre assistant.

Une fois que nous sommes en mesure d’être conscients, nous passons à la seconde étape : voir la vérité du corps et de l’esprit. Pour voir la vérité du corps et de l’esprit, nous ne pouvons pas interférer avec, ni les forcer. Nous laissons le corps faire ce qu’il fait et l’esprit faire ce qu’il fait, et nous les suivons avec une attention régulière qui fait que l’on voit ce qu’ils font.

Le corps expire, et nous le sentons. Le corps inspire, et nous le sentons. Qu’est-ce que nous ressentons ? Nous sentons le corps respirer, pas nous. Ce n’est plus nous qui respirons. Le corps se lève, marche, s’assoit et se couche, et l’esprit est l’observateur. Le corps n’est plus jamais nous. Et nous ressentons cela dans l’esprit. Les phénomènes ne sont pas permanents. Ils changent tout le temps. Les sentiments agréables sont temporaires. Les sentiments déplaisants sont temporaires. L’avidité, la colère et l’illusion sont temporaires. Les sensations agréables ne sont pas nous ; ce sont des choses que l’esprit connaît. Les sentiments désagréables ne sont pas nous ; ce sont des choses de l’esprit connait. L’avidité, la colère et l’illusion ne sont pas nous ; ce sont des choses de l’esprit connait. Rien qui ne se présente n’est de nous. Après cela, on voit même que l’esprit qui est conscient n’est pas nous. Il n’est pas sous notre commandement. Nous lui disons d’être conscient, et il s’éloigne. Nous lui disons qu’il ne doit pas être en colère, et il se met en colère. Nous le disons de ne pas être gourmand, et il devient gourmand. Nous lui disons d’être heureux, et il n’écoute pas. Il s’agit de phénomènes incontrôlables et imprévisibles. Telle est la pratique de vipassana. Ceci consiste à marcher sur le chemin de la sagesse.

En voyant le corps comme il est et l’esprit comme il est, nous voyons leurs trois caractéristiques. Plus nous voyons la vérité, plus notre cœur se détache de son attachement au corps et à l’esprit. Quand la vérité du corps est vue, nous libérons l’attachement au corps. Quand on voit la vérité de l’esprit, nous libérons l’attachement à l’esprit. Il s’agit d’un processus étape par étape. Tout d’abord, nous allons nous détacher du corps car c’est la chose la plus facile à faire. Même si nous sommes des pratiquants qui observons l’esprit et non le corps, nous nous détachons d’abord du corps, puis de l’esprit plus tard. L’esprit est très subtil. Certains disent qu’il est une chose particulière de l’essence spirituelle, ce qui rend très difficile de s’en détacher. Mais si nous pratiquons correctement, en voyant et en connaissant la vérité de l’esprit, un jour, nous verrons que l’esprit n’est pas grand chose ou n’est rien de spécial. Et l’esprit sera libéré.

Maître Dune disait que voir la souffrance avec clarté est le chemin noble. Plus précisément, c’est le passage d’arhant à la réalisation du nirvana. En voyant la souffrance avec une clarté cristalline, on voit l’esprit. Parce que c’est l’esprit qui souffre. Quand on voit l’esprit comme une souffrance, cela n’a pas d’importance dans quel domaine ou état l’esprit décide d’aller ou de s’installer, tout n’est que souffrance. Naître comme un ange est une souffrance. Naître comme une divinité pieuse est une souffrance également. Quand la sagesse est forte, on voit que tous les domaines souffrent parce que l’esprit en lui-même souffre. Peu importe où l’esprit est planté et germe. Quand il grandit jusqu’à devenir un arbre provenant d’une graine de souffrance, tout l’arbre n’est que souffrance. L’esprit est la graine de la souffrance. Il est né en tant que corps et esprit, et donc souffre inévitablement.

Quand la sagesse atteint pleine maturité, la semence de la souffrance, l’esprit comme nous le connaissons, est détruit. Après cela, l’esprit se transforme en autre chose. Il peut être appelé l’élément de conscience, complètement pur. Ce n’est pas l’esprit que nous connaissons. C’est quelque chose à apprendre plus tard, après que nous nous soyons éclairés à la troisième étape, comme celui qui ne reviendra pas. Ce sera notre travail de détruire l’esprit observateur.

Pour l’instant, permettez-moi de résumer notre travail. Tout d’abord, nous allons garder les préceptes moraux. Ensuite, on pratique pour prendre conscience du corps et de l’esprit. Ne laissons pas l’esprit vagabonder trop longtemps. Pour pratiquer, il faut choisir un objet et observer l’esprit se perdre dans ses pensées. L’esprit deviendra conscient. A partir de là, nous observons la vérité du corps et de l’esprit régulièrement. Il ne faut pas interférer avec eux ou essayer de les contrôler. C’est trop forcé. C’est stressant et tendu. Si nous perdons la conscience, cependant, c’est trop laxiste. Le fait d’être conscient est le juste milieu. Sentez le corps et l’esprit comme ils sont souvent.

Donc, gardons les préceptes, devenons conscients, et voyons la vérité du corps et la vérité de l’esprit. Ensuite, le chemin noble menant à l’illumination se produira lui-même. Ce que nous voulons se produira. Si nous ne pratiquons pas et que nous désirons simplement l’illumination, alors tout ce que nous obtenons est l’envie ! Vouloir le nirvana ne nous mène nulle part. Peu importe si nous demandons aux saints de nous bénir et de réaliser nos souhaits, nous n’avons aucune chance d’atteindre le nirvana de cette façon. Nous devons travailler pour cela. Le bouddhisme n’est pas pour ceux qui mendient et se plaignent. Il est la religion de la pratique et de l’autonomie. Nous obtenons ce que nous investissons.

C’est assez pour aujourd’hui. J’ai parlé pendant ma durée standard de 45 minutes.

Qui se sent heureux maintenant ? Levez la main. Il y a un moment, nous étions heureux, mais nous nous sommes perdus dans nos pensées et nous n’avons pas réalisé que nous étions heureux. Peut-on voir cela ? Venons-en juste à savoir de cette façon. Cependant, ne nous concentrons pas sur le bonheur, il suffit de savoir d’une manière détendue.

Bénédictions sur tout le monde. Et comme je vous envoie des bénédictions, utilisez cela comme une occasion de méditer en paix, et de partager vos bénédictions avec tous les êtres.

 

Vénérable Luangpu Pramote Pamojjo
Novotel Suvarnabumi Aeroport Hotel, Bangkok
12 Janvier 2014